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Achats en voyage: et le saucisson, j'ai le droit? / voyages

Achats en voyage: et le saucisson, j'ai le droit?
Pierre-Olivier Fortin
Le Soleil



(Québec) Disons-le, la réponse à savoir si on a le droit ou non de rapporter au Canada le délicieux saucisson sec de France, le douteux haggis écossais ou les doux cigares cubains n'est pas écrite dans le ciel. Les quantités permises non plus. Et il peut malheureusement arriver que la réponse vienne du douanier en même temps que celui-ci dépose votre précieux souvenir dans un grand sac blanc.


Il est tellement agréable de replonger dans nos souvenirs de voyage en dégustant le p'tit rouge qu'on avait tant aimé. Encore mieux de le partager avec des amis pour leur en donner un aperçu. L'idéal est de bien connaître les règles des douanes pour tirer profit des exemptions de taxes, mais non seulement ces règles sont-elles complexes, elles changent régulièrement.

 Pour l'alcool, le tabac et les achats personnels, passe encore. Mais pour la bouffe, «c'est vraiment très complexe», admet Dominique McNeely, conseiller en communications à l'Agence des services frontaliers du Canada. Essayons d'y voir plus clair avec trois scénarios typiques.

 Scénario un


 Deux amies font un aller-retour dans le Maine en une journée et rapportent pour 350 $ de vêtements, une bouteille de vin achetée à la boutique hors taxe et du clam chowder en conserve.

 Mauvaise nouvelle : «Il n'y a aucune exemption si on fait un aller-retour en dedans de 24 heures», tranche M. McNeely, ce qui veut dire que les filles devront payer des droits et taxes sur tout ce qu'elles rapportent. Les droits à payer sur leur bouteille de vin, et sur l'alcool en général, s'approchent souvent de 100 % du coût d'achat. Elles pourraient refuser de payer, mais leurs articles seront confisqués.

 À noter que le fait d'acheter hors taxe ne change rien pour les douaniers. Quant à la spécialité du Maine qu'elles rapportent, «normalement, en conserve, il y a moins de chances qu'on vous le confisque», dit M. McNeely, prudent.

 Si le duo imprudent avait passé plus de 24 heures sur place, chacune aurait pu bénéficier de l'exemption de 200 $ sur ses achats, ce qui aurait pu leur permettre de rapporter leurs vêtements sans payer aux douanes. À partir de 48 heures passées à l'extérieur du Canada, l'exemption est de 800 $.

 Scénario deux

 Un couple ayant deux enfants revient d'une semaine en Floride et passe les douanes avec des oranges, une cartouche de cigarettes, une caisse de bière, 2300 $ d'achats et une petite boîte de cigarillos. Ici, tout fonctionne.

 La petite famille pourra rentrer chez elle sans rien payer si aucun des membres ne dépasse le seuil de 800 $ d'achats et si les articles pour les enfants sont réellement pour eux. Il n'y a pas de problèmes pour les oranges; il n'y a pas de culture d'agrumes à protéger au Canada. Les voyageurs qui rentrent au Canada après 48 heures ont le droit de rapporter une certaine quantité de tabac et d'alcool (voir le tableau) sans devoir payer de taxes.

 Scénario trois

 Un jeune couple de retour d'un voyage de deux semaines à Bordeaux déclare au douanier cinq bouteilles de vin, une bouteille de cognac, un saucisson et un fromage. Il ne se fera ni gronder ni cataloguer, mais devra lui aussi passer à la caisse. Le fromage, c'est oui; le saucisson, c'est non. Le couple devra aussi payer des taxes sur une ou deux bouteilles.

 Dans un scénario comme celui-là, avec plusieurs types d'alcool et où il y a plusieurs façons de calculer l'exemption et les taxes, «l'agent va toujours appliquer le scénario le plus favorable au consommateur», assure M. McNeely.

 Les règles pour l'importation de nourriture sont très complexes, répétons-le, mais de façon générale, la nourriture en conserve pose moins de problèmes, de même que la plupart des fromages.

 Pour la viande, le plus souvent les conserves passeront la frontière, alors qu'au contraire, le boeuf et le porc frais ou leurs produits venant d'un pays autre que les États-Unis seront confisqués. Et on ne rigole pas avec la bouffe aux douanes : ne pas déclarer un article interdit, c'est 800 $ d'amende et bien des complications pour les prochains voyages.

 Dominique McNeely insiste sur l'importance de déclarer. «Souvent, les gens disent : "Je ne déclarerai pas et j'éviterai des tracas." Mais dans le doute, mieux vaut déclarer. L'agent posera peut-être une ou deux questions de plus, mais en fin de compte, il évitera les mauvaises surprises.»

 Un voyageur qui passe à la caisse pour avoir rapporté une bouteille de trop ou qui se fait confisquer de la nourriture ne sera pas «fiché» aux douanes. Celui qui se fait pincer à s'essayer, oui. Et il s'expose à de lourdes amendes.

 Les douaniers savent que les gens peuvent être nerveux, tentent de «minimiser» le stress et d'accélérer autant que possible pour faire passer les voyageurs «honnêtes pour pouvoir s'intéresser à ceux qui contreviennent aux lois», assure M. McNeely.

 Quoi rapporter?

 Alcool

 -1,5 litre de vin (jusqu'à 22,9 % d'alcool) ou

 -1,14 litre d'alcool fort ou

 -8,5 litres de bière (24 bouteilles ou canettes)

 Tabac

 -200 cigarettes et 50 cigares

 Seulement après 48 heures à l'extérieur du Canada. Par personne de 18 ans et plus.

 Achats

 -0 $ si moins de 24 heures à l'extérieur du Canada

 -200 $ par personne pour un voyage de 24 à 48 heures

 -800 $ par personne pour un voyage de plus de 48 heures

 L'exemption est par personne et non pour le ménage. Les enfants y ont aussi droit si les articles déclarés sont pour eux.

 Source : Agence des services frontaliers du Canada

 Pour plus d'information, consulter le guide Je déclare de l'Agence des services frontaliers : http://goo.gl/L9eUt.

 À savoir si la nourriture qu'on voudrait rapporter est permise, un formulaire existe en ligne, mais c'est très complexe : http://goo.gl/TTJ2I.
Source: http://www.lapresse.ca/le-soleil/voyages/201208/23/01-4567667-achats-en-voyage-et-le-saucisson-jai-le-droit.php
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