Daniel Paquet
Ville mythique s’il en est une, Istanbul se situe à la croisée de l’Occident et de l’Orient. Si vous allez en Turquie, il faut absolument voir cette cité près de trois fois millénaire, mais il ne faut surtout pas vous en contenter, car ce pays sait émerveiller les touristes les plus chevronnés.
À Istanbul, autrefois nommée Byzance, puis Constantinople, le mot cosmopolite prend tout son sens. La Turquie est un état laïc qui compte quelque 90% de musulmans. Toutefois, à Istanbul, les questions de religion ne vous mettront jamais mal à l’aise si vous avez l’esprit le moindrement ouvert. Les femmes voilées et celles en mini jupes se côtoient dans cette ville de plus de 15 millions d’habitants, répartis sur les deux rives du Bosphore, détroit qui sépare l’Europe, à l’ouest, de l’Asie, à l’est.
Les touristes y sont omniprésents, mais la ville est tellement vaste (80 km carrés) que vous ne serez pas oppressés par des foules trop denses, sauf peut-être autour des principales attractions touristiques. La ville est très propre, sécuritaire et tout est mis en œuvre pour permettre aux touristes d’éviter de se perdre et de passer un moment agréable.
Se lever tôt
Pour éviter la cohue autour des grandioses beautés architecturales et historiques de cette mégapole, un conseil essentiel : être matinal et se pointer tôt sur place. De toute façon, les muezzins des centaines de mosquées réparties à travers la ville vous serviront de réveil-matin. Et peu importe votre hôtel, vous aurez une mosquée à proximité.
Il est donc important de vous informer de l’heure à laquelle ouvre le site que vous désirez visiter et d’arriver une bonne quinzaine de minutes à l’avance. Cela vous évitera les longues files d’attente et vous permettra d’apprécier tranquillement les beautés qui vous attendent et croyez-moi, vous ne serez pas déçus par les quelques visites que je vous propose.
À voir absolument
Il faut compter quatre à cinq jours pour voir les principales curiosités d’Istanbul. Bien sûr, vous ne verrez pas tout. Mais en choisissant un hôtel dans le quartier de Sultanhamet, vous serez déjà à proximité des grands monuments de la ville et vous aurez un bon aperçu du quotidien de sa population. De plus, autre fait non négligeable, vous serez à quelques minutes de marche des endroits les plus intéressants et des nombreux restaurants qui sauront plaire à toutes les bourses.
Ne manquez pour aucune considération Sainte-Sophie, la perle d’Istanbul, mon coup de cœur numéro un dans cette cité. D’abord une église, construite dans sa version finale autour de 500 après J-C, puis convertie en mosquée vers 1450 elle a finalement été transformée en musée en 1934. Cette merveille d’architecture renferme des mosaïques impressionnantes.
Situé tout près, le palais Topkapi vaut largement le détour, avec ses richesses, son site unique et toute l’histoire qui s’y rattache. Prenez un guide sur place, une dépense supplémentaire d’environ 30 dollars qui vous permettra de bien comprendre le fonctionnement de la cour des sultans ottomans qui régnèrent sur l’empire de 1450 au milieu du 19e siècle. Le harem, moyennant un léger supplément, est également à ne pas manquer.
D’autres visites, plus courtes, s’imposent telles la Mosquée Bleue et la Basilique Citerne, un ancien réservoir d’eau de la ville dont les colonnes en font une véritable cathédrale souterraine, de même que le musée archéologique. Le Grand Bazar pour ses 4000 boutiques et le Marché aux Épices (Bazar Égyptien) pour ses odeurs et ses couleurs valent amplement le déplacement. On y trouve de tout et plus encore. Mais vous devez absolument marchander vos achats et préparez-vous à de longs palabres, car les Turcs adorent cela, c’est pratiquement un sport national. Enfin, une croisière sur le Bosphore, en après-midi, devrait clore votre séjour de façon fort agréable.
Trésors archéologiques
À quelque 600 kilomètres d’Istanbul, tout près de la Méditerranée, se trouve la ville de Selçuk. Un endroit parfait pour remonter le temps en quelques jours.
Des sites archéologiques fort bien conservés vous y attendent tel Éphèse, située à deux kilomètres, une cité romaine ayant été habitée par plus de 250 000 personnes, les vestiges de la basilique Saint-Jean (où l’apôtre est enterré), un musée archéologique très bien aménagé et bien d’autres découvertes vous y attendent.
Autre point d’intérêt, la coopérative de tapis faits à la main, où vous pourrez apprendre tout ce qu’il faut savoir sur les tapis de Turquie, afin de déjouer les contrefaçons si vous désirez en rapporter un.
Les plages d’Antalya
En poursuivant vers l’ouest, toujours sur la côte méditerranéenne, de magnifiques plages n’attendent que vous. Ainsi, le rythme effréné de la ville s’estompe peu à peu, ce qui vous permet de vous reposer en profitant du climat et de la bonne chère. Parce qu’on mange très bien en Turquie. Kebabs d’agneau ou de poulet, plats ottomans, pâtes, poissons, il y en a pour tous les goûts.
Et pourquoi pas un bon massage turc à Antalya, dans un hammam (établissement) vieux de 600 ou de 1000 ans ? De quoi vous retaper pour le reste du voyage, croyez-en mon expérience.
À couper le souffle
Quitter les rives de la Méditerranée et le doux farniente n’est pas facile, mais ne pas vous rendre en Cappadoce serait impardonnable. Les paysages volcaniques, les cités troglodytiques, les villes souterraines, le trekking, la chaleur des gens et l’excellent vin qui vous y attendent vous laisseront des souvenirs inoubliables. Tous les touristes rencontrés adorent.
Je vous conseille de choisir comme point d’ancrage la ville d’Uchisar, dominée par une forteresse époustouflante creusée à même le roc. Vous serez ainsi au cœur même du Cappadoce et pourrez, de là, visiter une région qui compte parmi les plus belles que j’ai visitées au cours de mes voyages.
Et sur place, vous devez absolument vous offrir un tour en montgolfière, probablement la plus grosse dépense du séjour (200 dollars par personne), mais aussi la plus spectaculaire. Entre 60 et 100 ballons s’élèvent chaque matin, à l’aube, pour survoler les cheminées de fée sculptées par la lave, les canyons verdoyants, les montagnes truffées de grottes dont certaines habitées, les vignes au-dessus des plateaux, etc. Une expérience indescriptible.
Autre avantage à s’installer à Uchisar, les coûts de déplacement sont minimes pour vous rendre aux cités souterraines comme celle de Derinkuyu, au musée en plein air de Göreme et ses remarquables chapelles ou, tout simplement, pour faire du trekking dans les nombreuses vallées accessibles.
À Derinkuyu et à Göreme, vous apprendrez et verrez comment vivaient les premiers chrétiens, obligés de se cacher sous terre pour éviter d’être attaqués et pour pouvoir pratiquer secrètement leur culte. Certaines cités souterraines accessibles aux visiteurs sont creusées sur huit niveaux et ont abrité jusqu’à 20 000 personnes sur de très longues périodes. Des endroits fascinants. En Cappadoce, vous pouvez facilement compter quatre jours pour profiter pleinement de vos vacances et éviter d’être bousculé par le temps.
Donc, en 16 ou 17 jours, vous pouvez visiter Istanbul, la région de Selçuk, celle d’Antalya et le Cappadoce, vous donnant ainsi un bon aperçu de la Turquie citadine, historique, balnéaire et sauvage. Vous aimerez tellement que vous pourriez bien y retourner éventuellement.
Trucs pour les Turcs
Les Turcs adorent le marchandage et même si vous n’y êtes pas à l’aise, vous ferez des économies substantielles. Jusqu’à 60% sur les achats au Grand Bazar et autres souks et 30% sur les taxis qui n’ont pas de compteurs, à condition de fixer le prix à l’avance. Même chose pour les guides, les excursions et même les chambres en basse saison.
Pour les déplacements entre les villes, l’avion ou le bus sont à conseiller. Les prix sont très bas pour les bus mais on gagne beaucoup de temps en optant pour l’avion, dont les tarifs ne sont pas chers. À vous de choisir.
Les lieux touristiques sont toujours très propres, même les fameuses toilettes turques publiques. Par contre, pensez à traîner un rouleau de papier en permanence…il servira à coup sûr.
Si vous aimez manger épicé, vous adorerez. Pour les estomacs plus fragiles, précisez-le en passant votre commande, vous éviterez bien des maux.
Payer en lires turques (un peu moins de deux lires pour un dollar) est très avantageux, surtout pour le marchandage. Et évitez de payer en euros car vous vous ferez souvent rouler sur le taux de change.
À Istanbul, l’Église Saint-Sauveur-hors-les-murs (Kariye). Des mosaïques extraordinaires, dans un état de conservation remarquable bien que vieilles de plus de 1000 ans. Du grand art et l’une des plus belles églises que j’ai vues dans ma vie. Elle est très peu achalandée, de même que la petite Sainte-Sophie, laquelle a servi de pratique avant de construire la grande. Très belle et plus vieille, elle sert encore de mosquée.
Toujours à Istanbul, l’immense Grand Bazar parce que vous pourrez réaliser d’excellentes économies en marchandant. Mais tout autre bazar fera également l’affaire pour le marchandage d’un bijou ou d’un tapis. Et si vous n’achetez pas, en bout de course, ça demeure toute une aventure.
À Selçuk, un souper arrosé d’un excellent vin s’impose au restaurant Ca-Ba-Re, près de l’aqueduc romain aux nombreux nids de cigognes. Tenu par une Australienne mariée à un Turc, on y sert des plats savoureux à des prix dérisoires. Nous y avons mangé trois fois en trois soirs.
Près de Selçuk, l’antique ville d’Éphèse. Prenez un taxi le matin jusqu’à la porte de Magnésia. Ça vous permettra de descendre le parcours avec le soleil dans le dos pour de meilleures photos. Et payez le léger supplément pour voir l’intérieur des habitations.
À Antalya, un bon massage turc avec bain dans un hammam vieux de plusieurs siècles. Le bonheur. Ce fut mon coup de cœur personnel en dehors des visites.
Au Cappadoce, la virée en montgolfière est vraiment un « must ».
Meilleur temps pour s'y rendre: à l'automne et au printemps.
Source: http://www.journaldemontreal.com/2012/09/08/la-turqui-au-dela-distanboul